« Au Génie des bronziers de Diar[-] »
Jean-Claude Béal
À une dizaine de kilomètres à l'est de Lyon (fig. 1), les méandres du Rhône et le canal de Jonage qui le double depuis la fin du XIXe s., courent dans une plaine marécageuse que dominent au nord la Côtière de l'Ain et au sud les Balmes Viennoises. Sur la commune de Meyzieu ', vers 185-190 m d'altitude, un promontoire s'avance dans cette plaine qu'il domine d'une dizaine de mètres : c'est le quartier de « la Dent » ou de « Montjayeux », toponymes attestés dès 1701, sans que l'on connaisse de formes plus anciennes (Monnier 1990 : 29 ; Pilot de Thorey 1921). En cet endroit agréable et rafraîchi par les vents, P. Vachon construisit en 1865 un château qui devait brûler en 1923 ; les aménagements du parc de ce qui allait devenir le « Château brûlé » (fig. 3) furent l'occasion de découvertes archéologiques, à la compréhension desquelles les fouilles menées un siècle plus tard, en 1979, devaient largement contribuer2. C'est à l'une de ces trouvailles, une statuette de bronze dédiée genio aerar[---] Diarensium, que nous nous intéresserons ici.
1. Le site
Au XIXe s., F. Gabut (1897) décrit le site de La Dent comme « jonché à la surface de matériaux de démolition » tandis que les vestiges sont enfouis à très faible profondeur, de 0,15 à 0,20 m sous la surface du sol. Il y remarque l'absence de fragments de marbre « la poterie est ordinaire
et non artistique ». Auguste Allmer (1878 : 43) évoque de son côté des fondations de murs, des bétons en ciment des céramiques communes et « une assez grande quantité de médailles de bronze non postérieures aux Gordiens ». Au point de découverte de la statuette qui nous occupe « on a constaté, sur une certaine étendue, des couches épaisses de cendres, des scories, des terres noires et calcinées, mélangées de débris de charbon », d'où F. Gabut (1897) a conclu à l'existence d'une « usine » métallurgique.
De leur côté, les fouilles de 1979 (fig. 2) ont mis au jour, sur une longueur d'une centaine de mètres, des structures orthogonales très arasées, dans lesquelles on a reconnu plusieurs états. Les structures attribuées à l'état I n'apparaissent que dans la partie la plus orientale de la zone fouillée. En revanche, le bâtiment prend de l'extension dans les états II et III, dont les sols recouvrent les murs de l'état I. Les fouilleurs ont cru reconnaître une large galerie méridionale à laquelle s'adosse un ensemble de salles, fouillées aux extrémités orientale et occidentale du site. Des scories sont mêlées au mobilier céramique et métallique recueilli. L'état IV est marqué au IIIe s. par la construction de deux grands murs parallèles qui barrent les salles orientales. Parmi le mobilier, les fouilleurs ont recueilli des tubulures d'hypocauste, des enduits peints ou des débris de mosaïques, qui invitent à voir dans cet établissement une villa ; mais la lecture du plan reste difficile et l'identification typologique proposée par les fouilleurs
RAN.4\, 2008, pp. 169-180
